Son paysage caractéristique est façonné au gré des centaines de dolines dans lesquelles s’épanouit une végétation de pins cembros et de mélèzes. 12 ha géologiques et naturalistes rarissimes situés sur le domaine skiable. Résultat d’une équation unique au monde, cet écosystème allie un sol gypseux et un équilibre qui repose sur les frêles épaules d’un oiseau.

Le pin cembro, le pin béni de La Plagne
Dans l’une des forêts les plus hautes de France, le pin cembro pousse à même la roche, sur un terrain gypseux, un calcaire très soluble à l’eau.
Le gypse, c’est peu comme du sucre ! La grosse caractéristique du pin cembro par rapport aux autres familles de pin, c’est qu’il a des aiguilles qui sont regroupées par cinq. C’est un arbre qui peut résisster jusqu’à -43°C. Il va également adapter sa période de végétation avec un débourrage (montée de sève dans l’arbre) plus tardive, pour éviter à la sève de geler donc à l’arbre d’éclater.
Jean-Luc Lecoq, ancien garde-forestier à l’ONF

Le Cassenoix moucheté pour clé de voûte
Le repeuplement de la forêt tient à ses provisions de graines de pins cembro. Cet oiseau répartit les graines dans des planques pour les retrouver l’hiver. Pas infaillible dans ce jeu de piste, il en oublie certaines qui peuvent germer.
On le repère facilement car c’est un oiseau assez sombre avec de petites taches blanches sur le corps. L’oiseau se nourrit de graines qu’il trouve dans les cônes du pin cembro. Il fait partie de la famille des corvidés, il a donc un grand bec avec lequel il parvient à attraper une pomme de pin en entier. Il la pose sur une souche et va la taper avec son bec pour en extraire les graines. C’est assez bruyant, on les entend à l’automne. Les graines sont cachées à des kilomètres à la ronde pour se constituer des réserves. L’oiseau oublie environ 20% de ce qu’il cache, ce qui suffit pour que la forêt se développe avec de nouvelles pousses !
Jules Jouaux, photographe animalier à La Plagne
Un équilibre fragile et une découverte à pas de loup, été comme hiver
Sa situation au milieu des pistes mérite toutes les attentions pour assurer sa pérennité et l’harmonie de l’écosystème. Le lieu est recensé ZNIEFF mais n’est pas pour autant un sanctuaire infranchissable.

Une balade à pied l’été ou en raquettes l’hiver s’avère être l’unique solution pour en découvrir tous les secrets. Etre accompagné permet d’éviter le passage sur des zones sensibles, et donc de limiter l’érosion du site ainsi que le bruit mettant en péril la survie de ses habitants (renards, écureils, hermines, lièvres variables et tétras lyres). Les accompagnateurs en montagne décryptent les secrets des traces des animaux dans la neige et ont à cœur de sensibiliser les vacanciers vis-à-vis de cet écosystème exceptionnel.
Quand on passe à ski, cela risque de couper les têtes des jeunes pousses. C’est important de respecter ce lieu naturel unique
Philippe Vanniu, accompagnateur en montagne à La Plagne
En raison de son caractère exceptionnel à l’échelle nationale, voire européenne, la cembraie sur gypse de La Plagne fait aujourd’hui, en 2025, l’objet d’une démarche qui s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale pour les Aires Protégées en 2030. Une réflexion concertée (DDT, commune de La Plagne Tarentaise, Syndicat Intercommunal de la Grande Plagne, Société d’Aménagement de La Plagne, Office de Tourisme de la Grande Plagne, Office National des Forêts, association Vivre en Tarentaise, Parc national de la Vanoise) et organisée en étapes successives afin d’établir un état des lieux précis, et ainsi pouvoir mettre en place un outil adapté à la préservation de ce milieu naturel singulier.
💡 Infos clés
- 2 : nombre de cembraie en Europe, dont celle de La Plagne
- 2 300 m : altitude de la cembraie, au cœur du domaine skiable ; l’une des forêts les plus hautes de France
- 12 ha : surface de la cembraie de La Plagne
- 400 ans : âge de certains arbres
- Classé site naturel remarquable